top of page
Portrait%20sans%20photo_edited.jpg

Un pas en avant : la Relance communautaire

Auteur·e·s

Kamil Kowalski

Publié le :

29 octobre 2024

Comment s’attaquer aux enjeux majeurs de notre époque? Nous savons très bien que le changement climatique s’accélère, que les profits des entreprises multinationales explosent au détriment des salaires et que la démocratie est menacée de manière existentielle par un nombre croissant de régimes autoritaires. Pourtant, nous n’arrivons pas à nous réunir autour de la même table pour concevoir une stratégie pour notre futur. Comment expliquer cette impasse?

À tout le moins, nos parents avaient de bonnes intentions. Le bouleversement de l’ancien statu quo était nécessaire, faute de quoi notre enfance et adolescence n’auraient pas été marquées par l’épanouissement de notre identité individuelle. Et pourtant, un sentiment de malaise nous hante de plus en plus. La vie semble vide de sens, et malgré l’impression que peuvent laisser les réseaux sociaux, l’épidémie de solitude fait des ravages parmi notre génération.

Les plateformes de réseaux sociaux, avec leur devise officieuse « les profits avant tout », contribuent davantage à la polarisation politique en nous enfermant dans des chambres d’échos. La logique est simple : le raffinement des algorithmes opaques, spécialement conçus pour cacher les publications contraires aux convictions des usagers, permet de maximiser l’engagement sur les réseaux sociaux, et ce, peu importe le type de contenu consommé. (1)


Il n’est donc pas étonnant de voir une prolifération, tant à droite qu’à gauche, de mouvements politiques extrêmes. D’une part, il y a les jeunes adhérents de l’extrême droite qui s’opposent, parfois de manière violente, aux élites économiques, aux institutions politiques et aux médias officiels. D’autre part, il y a les jeunes marxistes-léninistes qui s’opposent, parfois de manière violente, aux élites économiques, aux institutions politiques et aux médias officiels. Si l’équivalence semble absurde, comment expliquer alors l’opposition quasi-unanime de l’extrême droite (Tucker Carlson, Marjorie Taylor Greene, etc.) et de l’extrême gauche (Noam Chomsky, Cornel West, etc.) à l’envoi d’armes à l’Ukraine, victime du colonialisme russe? (2)


Ultimement, cette réalité démontre que nous sommes plus idéologiques que jamais. Est-ce qu’on pourrait alors conclure que l’idéologie, en soi, est une mauvaise chose? Bien sûr que non! Une telle affirmation ne rendrait simplement pas justice à l’utilité, voire la nécessité, d’adhérer à une certaine idéologie! En l'absence d’une fondation sur laquelle faire des revendications politiques, comment pouvons-nous participer efficacement à l’exercice démocratique? La réponse est simple : ça serait impossible.

Mais bon, rien ne se produit en vase clos, alors identifions les causes derrière cette adhésion quasi-religieuse à l’idéologie.


Comme mentionné précédemment, il ne fait aucun doute que les chambres d’échos facilitent la radicalisation de la Génération Z. Cela étant dit, le fait que nous ayons une plus grande tendance à tomber dans ces pièges idéologiques ne signifie pas forcément que nous sommes plus orientés politiquement que les générations précédentes. Rappelons-nous que l’être humain est faillible et, par conséquent, vulnérable aux biais cognitifs, surtout au biais de confirmation.  Oui, les échanges entre étudiant.e.s à la faculté de droit et de science politique sont souvent de nature politique, mais cela est moins le cas dans d’autres facultés. Ce manque d’intérêt pour la politique se reflète notamment dans la faible participation électorale des jeunes. Au Canada, non seulement la participation électorale générale diminue depuis les années 1990, mais il y a un écart de 28% entre le taux de participation des jeunes et celui des groupes plus âgés. (3)


Cette réalité est encore moins mystifiante dès qu’on prend en considération l’évolution de la société québécoise depuis les années 1960. Après la fin du dernier mandat de Maurice Duplessis en 1959, les Québécois.e.s ont graduellement abandonné la religion catholique. On en avait franchement assez de l’autorité cléricale et du conservatisme social. On voulait rapidement moderniser le Québec en vue de le transformer en nation urbaine, industrialisée et consommatrice. (4)

Cette Révolution tranquille a évidemment porté fruit, mais elle ne fut pas sans contrepartie. Oui, la société québécoise a lancé la religion par la fenêtre, mais elle n’a pas trouvé de substitut spirituel à la messe du dimanche. Elle n’a pas remplacé la fréquentation régulière de l’Église par la fréquentation régulière des tiers-lieux, comme des salons de quilles ou des cafés. Et pire encore, elle n’a pas conçu de nouvelles normes communautaires qui donneraient un sens à la vie sans religion.

C’est ça le problème : nous n’avons aucun sentiment d’appartenance commune! Nos parents, dans leur jeunesse, ont été leurrés en pensant qu’un style de vie consumériste était plus compatible avec une société en voie d’urbanisation rapide. Ils ont cru que l’achat de voitures et de télés, rendu possible par la carte de crédit, importait plus que le bien-être de la collectivité. Et ils ont progressivement accepté que l’individualisme devienne partie intégrante de la société québécoise.

Mais est-ce qu’une vie fondée sur la satisfaction instantanée est synonyme d’une vie digne et épanouissante? L’environnement dans lequel nos parents ont grandi ne leur a pas donné le temps de confronter ce doute dans l’esprit. Sans se poser de question, ils nous ont rapidement transmis ces valeurs individualistes et consuméristes tant associées avec la modernité. En fait, avant qu’on soit même nés, ils ont remodelé la ville de Montréal pour maximiser le déplacement en voiture, un trait fondamental de la culture individualiste. Ainsi, en l’espace de quelques décennies, plusieurs centaines de tramways disparaissent du centre-ville en échange de la construction rapide d’autoroutes et de stationnements. (5) Après tout, pour réaliser cette nouvelle vision du monde, il fallait faire des sacrifices.

À tout le moins, nos parents avaient de bonnes intentions. Le bouleversement de l’ancien statu quo était nécessaire, faute de quoi notre enfance et adolescence n’auraient pas été marquées par l’épanouissement de notre identité individuelle. Et pourtant, un sentiment de malaise nous hante de plus en plus. La vie semble vide de sens, et malgré l’impression que peuvent laisser les réseaux sociaux, l’épidémie de solitude fait des ravages parmi notre génération. (6) Face à cette crise existentielle, certains tentent de remplacer la religion par l’idéologie politique. Dans leur quête de sens à la vie, ils finissent par vénérer Karl Marx et le Manifeste communiste avec la même ferveur qu’un prêtre catholique, déterminé à rendre présent l’amour de Dieu dans le monde. D’autres deviennent obsédés par leur statut social, leur performance académique ou leur carrière professionnelle afin de satisfaire un besoin d’approbation qui ne cesse de croître. Mais la plupart d’entre nous tombent dans un cycle d’hédonisme et de nihilisme, aggravé par l’accès illimité à Instagram, Netflix, YouTube, Tinder et toute autre plateforme qui stimule la production de dopamine.


Nous avons besoin d’un éveil spirituel, et, pour cela, il faut que nous concevions une nouvelle philosophie communautaire. Elle doit favoriser le dialogue honnête et inclusif, de sorte que tous et toutes puissent proposer, approfondir, délimiter ou critiquer les futures valeurs de la collectivité. Certes, les chambres d’échos poseront toujours un danger à la cohésion sociale, mais nous pouvons au moins créer un sentiment d’appartenance commun qui comblera ce vide existentiel que nous ressentons.


Dès maintenant, vous pouvez contribuer à la réalisation de cette vision communautaire! Je vous donne un exemple personnel. Je viens récemment de co-créer La Relance Démocratique, un mouvement inter-universitaire qui réunit des étudiants pour défendre les démocraties libérales. Face à la montée du populisme et des régimes autoritaires, il faut, plus que jamais, regagner la confiance des citoyen.ne.s dans nos institutions publiques et promouvoir les valeurs sacrées de la démocratie : les libertés fondamentales, les droits humains, l'État de droit et la gouvernance démocratique. Ultimement, j’espère mettre de côté nos différences politiques afin de chérir ce que nous tenons depuis trop longtemps pour acquis : notre société libre et libérale.


Nous avons tous un rôle à jouer dans la défense de nos valeurs démocratiques. Cela étant dit, si nous voulons lutter en plus grand nombre contre non seulement l’autoritarisme, mais aussi contre le changement climatique ainsi que les inégalités des classes sociales, il faut qu’il y ait avant tout une Relance communautaire.


Suivez La Relance Démocratique!

Instagram : @relancedemocratique

Linktree : https://linktr.ee/lrd_udem

(1) : Steve Proulx. « Médias sociaux, une aberration à corriger », Le Devoir, 15 août 2023, en ligne : < https://www.ledevoir.com/opinion/idees/796219/idees-medias-sociaux-une-aberration-a-corriger >


(2) : Jan Dutkiewicz et Dominik Stecuła. « Why America’s Far Right and Far Left Have Aligned Against Helping Ukraine », Foreign Policy, 4 juillet 2022, en ligne : < https://foreignpolicy.com/2022/07/04/us-politics-ukraine-russia-far-right-left-progressive-horseshoe-theory/ >


(3) : Élections Canada, « Tendances liées à la participation électorale des jeunes au Canada », avril 2023, en ligne : < https://electionsetdemocratie.ca/tendances-liees-la-participation-electorale-des-jeunes-au-canada >


(4) : René Durocher. « Révolution tranquille », L’encyclopédie canadienne, 30 juillet 2013, en ligne : < https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/revolution-tranquille >


(5) : Société de transport de Montréal. « Histoire des tramways », en ligne :  < https://www.stm.info/fr/a-propos/decouvrez-la-STM-et-son-histoire/histoire/histoire-des-tramways >


(6) : The Intellectualist. « The Great Malaise : The Search For Meaning During Times of Indifference », 1 décembre 2023, en ligne : < https://theintellectualist.com/the-great-malaise-the-search-for-meaning-during-times-of-indifference/ >


(7) Image : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:BaltskýŘetěz.jpg


Tu aimerais voir ton

texte publié au Pigeon ?

3200, Jean-Brillant,

Suite A-2412, devant Jean Doré, Montréal, Québec, H3T 1N8

Nous remercions nos commanditaires officiels:

Screenshot 2024-10-30 at 10.12.23 AM.png
Screenshot 2024-10-30 at 10.10.43 AM.png
Screenshot 2024-10-30 at 10.13.04 AM.png
Goldwater, Dubé

Commanditaire officiel

bottom of page