Texte d’opinion : « Personne n'est plus arrogant envers les femmes, plus agressif ou méprisant, qu'un homme inquiet pour sa virilité. »
Auteur·e·s
Anonyme
Publié le :
29 novembre 2024
Dans la nuit du 5 novembre dernier, les États-Unis ont proclamé haut et fort leurs idéaux et leurs valeurs. Ils l’ont prouvé en élisant un homme coupable de crimes, manifestement raciste et misogyne, pour être à la tête de l’une des plus grandes puissances mondiales. Car l’élection d’une « faible femme soumise » et, de toute évidence, sans « aucune » qualification préalable est une œuvre de pure fiction pour cette grande nation, n’est-ce pas ? De toute façon, au rythme où la censure se propage, même les livres faisant la promotion d'idées un peu trop osées et différentes seront bientôt mis sous silence… Avec cette limitation de la liberté d’expression, il est probable que d’autres droits fondamentaux soient bafoués, notamment le droit à l’avortement. Ce texte abordera, d’un point de vue subjectif, la défaite de Harris, l’influence de Trump et le renversement de l’arrêt Roe v. Wade.
Elle l’a elle-même dit : « [...] parfois, la lutte prend du temps. Cela ne veut pas dire que nous ne gagnerons pas. »
Tout d’abord, la défaite de Kamala Harris a causé beaucoup de bruit dans le monde entier. Dans les faits, il est vrai que sa campagne n’a duré que 107 jours, lui laissant moins de temps pour gagner la confiance des électeur.rices. Il est également possible de blâmer les choix de Biden, qui, en 2020, avait affirmé ne faire que le pont entre la génération de politicien.nes d’aujourd’hui et celle de demain, alors qu’il a malgré tout décidé de se présenter pour une seconde fois aux élections. Cela a pu être interprété par certain.es comme un bris de sa promesse, soit de passer le flambeau à la prochaine génération. Une génération incluant potentiellement Harris.
Une question nous vient alors à l’esprit : si Kamala Harris avait été un homme blanc et cisgenre, de tels facteurs auraient-ils joués un quelconque rôle dans le choix des électeur.rices? Dans tous les cas, de nombreux arguments peuvent être soulevés quant à la cause de sa défaite. Par exemple, la comparaison entre le bilan économique de Trump et celui de Biden; le fait que Harris n’ait pas réussi à séparer son image de celle de Biden, ou encore l’argument comme quoi le parti démocrate a préféré se concentrer sur l’attaque de Trump plutôt que sur les arguments de Harris.
Une chose est certaine, pour nous et pour de nombreuses autres femmes partout dans le monde, cette défaite fut un coup dur. Kamala Harris représentait en quelque sorte un rêve d’enfant; si une femme est capable d’être élue par un pays comme les États-Unis, alors le ciel seul est notre limite. Ce fut donc une grande déception. En revanche, comme elle l’a elle-même dit : « [...] parfois, la lutte prend du temps. Cela ne veut pas dire que nous ne gagnerons pas. »
Son rival, Donald Trump, est quant à lui connu pour ses nombreux commentaires sexistes et misogynes dans les médias. En plus de sa vision réductrice des femmes et de son étrange fixation sur la beauté de sa fille (ce que nous trouvons inquiétant), c’est le culte de la personnalité qui l’entoure qui est d’autant plus choquant. En effet, le 6 janvier 2021, Trump fait une déclaration publique niant le résultat des élections présidentielles de 2020. Il affirme alors qu’il s’agit d’une fraude et que les élections ont été truquées. À la suite de ses propos remettant en question la démocratie au sein des institutions mêmes du pays, des centaines de ses fanatiques ont envahi le Capitole. Affirmation quelque peu hypocrite venant d’un ancien président qui a justement accédé au pouvoir grâce au processus électoral qui provient de sa démocratie « truquée ». Si celle où il perd a été truquée, n’est-il pas possible que celle l’ayant élu l’ait été également? Le système ne fonctionne donc que quand ça l’avantage?
Sans vouloir céder aux théories complotistes selon lesquelles les votes sont tous trafiqués, c’est le manque de cohérence dans ses propres propos que nous désirons souligner. Donald Trump a beaucoup d’influence sur la population états-unienne. Est-il nécessaire de rappeler l’incident où, lors d’une conférence de presse en 2020, l’homme d'affaires s'était questionné sur les bénéfices possibles d’ingérer du désinfectant afin de lutter contre le coronavirus? Question à laquelle les entreprises concernées et bon nombre de politicien.nes, notamment son adversaire aux élections de l’époque, Joe Biden, se sont empressé.es de répondre par la négative. Réponses qui arrivent malgré tout après que certains services d’urgences, notamment l’Agence des gestions des urgences de Maryland, aient reçu de nombreux appels concernant ladite utilisation de Javel pour lutter contre la pandémie mondiale. L’influence de Donald Trump sur ses partisans est irréfutable. Le problème est alors qu’un « grand pouvoir implique de grandes responsabilités. » Trump est-il à la hauteur de telles responsabilités et utilise-t-il son pouvoir pour les bonnes causes?
De plus, on peut difficilement parler des élections sans parler de l’enjeu concernant les droits à l’avortement et le renversement de l’arrêt Roe v. Wade. La nouvelle décision n’a pas rendu l’avortement illégal au pays, mais a plutôt donné à chaque État le pouvoir de décider comment il en permet l’accès sur son territoire. Par exemple, en Géorgie, en 2019, le gouverneur Brian Kemp a signé la loi Living Infants Fairness and Equality (LIFE) Act, qui n’est entrée en vigueur qu’après le renversement de Roe v. Wade. Cette loi empêche les personnes enceintes d’avorter après six semaines de grossesse. Même si la LIFE est actuellement temporairement suspendue depuis le mois de septembre, on se doute qu’elle sera remise en vigueur avec l’élection de Trump.
De quel droit quelqu’un peut-il se permettre de contrôler la vie d’autrui de cette façon ? Bien que tout enfant mérite des parents, tous les parents ne méritent pas d’avoir des enfants et bien que l’adoption soit une option, les neuf mois de grossesse restent un sérieux fardeau. Là encore, comme le dit si bien notre très cher Code civil du Québec, encore faut-il que l' « enfant conçu mais non encore né » naisse « vivant et viable ». À nos yeux, une telle décision régissant le corps d’autrui est une entrave au contrôle de chaque individu sur son propre corps. « My body my choice » est un argument qui est fréquent et qui résonne particulièrement avec les auteures de ce texte.
Finalement, comme nous l’avons mentionné, si Trump est capable de mobiliser ses loyaux disciples pour qu’ils prennent d’assaut le Capitole, il est possible d’envisager que son élection encourage des personnes facilement influençables à adopter sa vision des femmes, créant une société dans laquelle les femmes ne se sentent ni respectées, ni en sécurité. Ainsi, depuis le résultat des votes, on peut mieux comprendre pourquoi autant de femmes préfèreraient être seules dans une forêt avec un ours plutôt qu’avec un homme comme Trump.
Nous désirons conclure ce texte avec une petite pensée pour les femmes qui se sont vues retirer un droit pour lesquelles leurs grands-mères s’étaient battues.
Paragraphe sur Harris:
https://www.cnn.com/2020/03/09/politics/joe-biden-bridge-new-generation-of-leaders/index.html
https://www.ledevoir.com/monde/etats-unis/823180/defaite-kamala-harris-ou-echec-strategie-democrate
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2118326/harris-discours-concession-victoire-lutte-liberte-democratie (citation Harris)
Source paragraphe sur Trump:
Paragraphe sur l’avortement: