top of page
Portrait%20sans%20photo_edited.jpg

S’aimer en temps de crise

Auteur·e·s

Sasha Corbière

Publié le :

14 janvier 2025

J’ai récemment lu un texte publié dans un recueil activiste pour la justice climatique qui parlait de l’importance de l’amour dans la lutte pour le climat (1). Cette idée m’a marquée. L’amour peut prendre plusieurs formes et encore plus de chapeaux. On aime nos ami.es, nos parents, nos amoureux.ses. On aime écrire, danser, apprendre. On aime la vie, ou bien parfois, on ne l’aime pas. C’est là que réside, selon moi, le problème du manque de solidarité et d’empathie si présent dans nos sociétés d’aujourd’hui. C’est aussi là que réside la solution : pour mieux lutter et évoluer vers de meilleurs droits humains et environnementaux, nous devons guérir notre manque d’amour sociétal.

J’ai toujours cru qu’il fallait se détacher de l’amour pour mieux se changer. Changer son environnement, changer les autres, se changer. Évoluer en la version de nous-même que nous souhaitons être, dans un monde qui nous interpelle. Il faut s’investir, oui, mais d’une manière telle qu’aucune émotion ne pourrait intervenir dans notre mission. Changer le monde, ça ne se fait pas lors d’un souper cajoleur. Des idées de grandeur ne naissent pas du confort. Et bien que j’accorde toujours une part de vérité à cela, certaines personnes m’ont fait voir l’autre côté de la médaille : quand on aime, on découvre une raison de lutter.


Aujourd’hui, c’est difficile d’aimer, on dirait. Je cherche de l'empathie partout : dans les nouvelles, sur les réseaux, de la part de mes collègues de classe, et je m’inquiète. On n’est plus choqué par un génocide qui semble sans fin, ni par d’autres atrocités qui se sont produites récemment. Encore aujourd’hui, on refuse de nommer les choses, de nommer les horreurs qui se produisent sous nos yeux. Avant d’avoir honte et de se cacher, ne pouvons-nous pas agir pour mettre un terme à ce qui nous blesse ? J’ai mal de voir qu’on ne s’indigne pas des villes qui brûlent et des populations entières contraintes de  fuir leur quotidien pour l’inconnu, laissant tout derrière elles. J'ai le cœur lourd à force de constater l'égoïsme du monde. Des gouvernements. De ceux et celles qui tiennent nos vies entre leurs mains et qui ne sont pas capables d’en porter la responsabilité.


Je crois que ma perception erronée de ce qu’était une personne réellement investie provient du fait que les quelques personnes que j’ai rencontrées, qui semblaient connaître un amour et une satisfaction personnelle inouïs, vivaient dans leur propre bulle. Elles devenaient intouchables, enveloppées par ce qu’on pourrait caractériser d’un état de plénitude. La source du métro boulot dodo, en d’autres mots. Effectivement, une fois comblé par notre vie personnelle, pouvons-nous réellement ressentir le besoin de s’investir collectivement ? C’est en touchant à cet état si convoité de comble que j’ai compris avec quelle aisance ceux que j’ai connus y sont tombés, comme dans une routine. J’ai aussi compris, toutefois, que cette routine, axée autour de nos besoins individuels, ne pouvait être que temporaire. Une fois que l’on touche à l’amour véritable, on veut tout faire pour le garder. Pour le partager, pour qu’il grandisse et qu’il ne disparaisse jamais. On crée des liens, on fait des efforts. On discute, on s’anime, on rit et on grandit. On veut. N’est-ce pas exactement ça, l’élément essentiel pour une lutte climatique percutante ? Une volonté de s’investir ?


Je n’invente absolument rien en reprochant au système actuel de mettre la faute d’un tel état planétaire sur les citoyen.nes, devenu.es de simples consommateur.ice.s, qui ne sauraient se contrôler ; qui surconsomment la vie. Cette mentalité compromet toute possibilité de réel changement, car elle nous met les uns contre les autres, et brise toute idée d’entraide. D’écoute. D’engagement collectif. Je crois que c’est par amour pour soi, pour l’autre, pour la vie que l’on mène et celle que l’on souhaiterait mener et pour un futur qu’on ne connaîtra jamais, qu’il faut s’engager ensemble. Qu’il faut vouloir. Qu’il faut partager.


C’est quand on aime qu’on vît, et quelle meilleure manière d’aimer que de s’entraider pour récupérer notre droit à la vie ?


Il suffit de se regarder.


Il suffit d’un bec.

  1.  Il s’agit de l’essai L’amour, l’élément manquant de la justice climatique de Lourdenie Jean, publié dans le recueil « 11 brefs essais pour la justice climatique » (2024)

  2. image: https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/diverse-group-hands-joined-together-representing-2539022001

Tu aimerais voir ton

texte publié au Pigeon ?

3200, Jean-Brillant,

Suite A-2412, devant Jean Doré, Montréal, Québec, H3T 1N8

Nous remercions nos commanditaires officiels:

Screenshot 2024-10-30 at 10.12.23 AM.png
Screenshot 2024-10-30 at 10.10.43 AM.png
Screenshot 2024-10-30 at 10.13.04 AM.png
Goldwater, Dubé

Commanditaire officiel

bottom of page