Confessions d’une mélodramatique
Auteur·e·s
Oulèye Diop
Publié le :
29 novembre 2024
À vrai dire, j'ai souvent entendu parler des jeunes gens de ce monde. De leurs rêves, de leurs ambitions, et puis, entre vous et moi, de leurs passions lunaires, pour ne pas dire lunatiques. Ma défense sera simple et brève. Mon plaidoyer, dénué d’obiter. Sur mes fugaces années d'existence sur cette terre, je ne peux prétendre, sans égarement, avoir la science infuse. J'avoue, à tort, faire preuve d'une certaine arrogance que je qualifie de corollaire à la jeunesse. Toutefois, mes propos se veulent conciliants, dans un effort d'humilité certes, mais aussi d'humanité.
« Je crains les Grecs, même lorsqu'ils m’offrent des présents. »
J'ai avoué avoir souvent entendu parler des jeunes gens de ce monde. Plus encore, des jeunes gens de cette faculté. Là où les esprits malins se côtoient et où ma raison me rappelle à l'ordre. J'ai souvent la vague impression de naviguer sur un champ de bataille. Quand mes pieds se posent à l'orée du pavillon, mes sens se réveillent, mon cœur trépigne et mon âme contemple. Tel un Spartiate, j'avance en tentant de garder mes mœurs rigides, mon courage guerrier et ma vision austère. Tant de cérémonial défile sous nos yeux et peu de sincérité quand on prend le temps d'y voir plus clair.
À chaque pas, je redoute le résultat de mes choix, de mes actions, mais aussi de mes inactions. Seuls nos larmes et éclats de sueur versés sont les témoins du carnage intérieur que nous vivons. Dans mon cas, mes parents seront aussi appelés à la barre. Certains diront que le savoir est une arme et d'autres clameront que les connexions sont les munitions. Entre stratégie, manipulation et ruse, j'y perds la tête et peut-être aussi, un peu de mon innocence.
Soudain, perdue entre les tourments des uns et des autres, je me remémore : Timeo Danaos et dona ferentes. « Je crains les Grecs, même lorsqu'ils m’offrent des présents. » Voilà ma maxime, mon précepte et, pour ne guère s'éloigner de la terminologie juridique, ma loi intérieure. Mon mélodrame s'achève enfin. Ainsi, j'avance au gré de mes rencontres de peur que la prochaine n'entraîne ma chute...
-Oulèye Diop